mercredi 27 décembre 2017

Quelques réflexions sur les flash-back




Habituellement, on rencontre trois types de scènes : celles qui se passent au présent, dans un passé proche (la veille) et dans un passé lointain. Pour les distinguer, on peut varier les temps de conjugaison, mais aussi le ton de la narration. En effet, on ne «parle» pas pareil selon qu’on raconte un truc qui vient de nous arriver dans le bus (passé proche) ou un souvenir d’enfance. Mais c’est surtout vrai quand on écrit à la 1re personne, avec un seul temps de narration (le narrateur dans le présent raconte son souvenir du passé).

Si on a deux temps de narration simultanés, correspondants à deux fils d’actions qu’on alterne, un dans le présent et un dans un passé lointain, on peut sans problème les garder tous les deux au passé, les mettre tous les deux au présent ou au contraire, les différencier à l’aide du temps choisi pour la conjugaison.
Si on les garde tous les deux au passé, les italiques permettent parfois de les différencier, mais attention que ça reste lisible (les italiques sont lourdes sur de longs blocs de textes).
De meilleurs procédés existent : mettre un lieu et une date en exergue de chaque chapitre, mettre un détail qui fait comprendre qu’on se situe dans le passé (un appareil dentaire aujourd’hui disparu, un papier peint so années 80, un chien enterré depuis, etc.), on peut aussi simplement changer de police (Times/Arial, par exemple), ça se fait parfois. Le meilleur procédé sera celui qui renforce le mieux l’ambiance du roman (par exemple l’information «lieu : date» convient bien à un thriller journaliste, ou à un personnage control freak).



Autre chose : dans un texte classique (passé simple + imparfait), la grammaire demande qu’on mette les flash-back au plus-que-parfait. Pour un flash-back d’une ligne ou deux, ça passe sans problème, mais sur une scène longue, c’est lourdingue. Du coup j’ai épluché ma bibliothèque pour voir comment s’y prenaient les granzécrivains. Eh bien figurez-vous qu’ils grugent comme des fourbasses. Ils commencent avec un verbe ou deux au plus-que-parfait et quand on a pigé que l’action se situait dans une époque antérieure bing! ils reviennent au passé simple pour le reste de la scène. Et ça passe naturellement, sans qu’on s’en aperçoive. Malin, non?

La difficulté, par contre, c’est de retourner au premier temps de narration. J’ai observé deux solutions : une dernière phrase au plus-que-parfait pour conclure le flash-back (haaa ça oui, elle avait bien rigolé ce jour où pépé avait perdu son œil de verre dans la soupe) ou au contraire, une première phrase suivante qui montre tout de suite qu’on est revenu dans le présent (la sonnerie du téléphone la tira brusquement de ses souvenirs, ou pour reprendre l’exemple de tout à l’heure : description du salon où les fleurs du papier peint ont disparu ainsi que la moquette orange).

Bref, tout dépend du texte et de l’ambiance qu’on veut installer.