lundi 30 janvier 2017

Concours de nouvelles Joseph DELTEIL

Le C E R C L E  P I E U S S A N  J O S E P H  D E L T E I L 
présente son concours de nouvelles 2017.

Le thème : « J’ai pris le maquis, le maquis de l’âme. »



Cette annonce m’a intriguée, je ne connaissais pas du tout cet auteur. Le thème m’inspire beaucoup d’idées. Passionnée de surréalisme, j’ai eu envie de creuser. J’ai commencé à écrire un texte dont « le maquis de l’âme » constitue les ellipses, mais je ne sais pas si j’en viendrais à bout avant le 28 février.

Quoi qu’il arrive, l’exercice m’intéresse.

Si vous avez envie de participer aussi, c’est ici :

lundi 9 janvier 2017

Effet de style, les erreurs à éviter


"La beauté du style n’est pas un but, c’est le résultat de la clarté et de la précision" (René Magritte)



Quand j’écris, je m’interroge beaucoup sur le « bien écrit » et le « mal écrit ». Concrètement, quelle est la différence ?

Bien sûr, avant d’arriver sur mon blog, vous avez déjà cherché les réponses à cette question, et les notions d’abus d’adverbes ou d’adjectifs, la chasse aux répétitions, aux verbes faibles, aux clichés n’ont plus de secret pour vous. (Sinon, pas de panique, rendez-vous en bas de page)

Mais encore ? Une fois le texte nettoyé, comment progresser ? Comment dépasser le stade du style scolaire ?

Afin d’y répondre, vous avez enfilé une tenue de spéléo et plongé dans vos livres préférés pour les décortiquer. Chaque texte devient un champ d’exploration (voire de prise de tête, ou de sanglots de jalousie). 

"Comment cette salope l’auteur rend-elle ce passage percutant ? Vous « sentez » la scène comme si vous y étiez, vous la vivez ! Pourquoi ça fonctionne chez elle et pas chez vous ?"

Voilà d’excellentes questions à se poser, un bon début pour améliorer votre style.

Moi, quand je trouve un élément de réponse, je le note. L’ensemble de ces pistes m’a d'ailleurs donné envie d’ouvrir ce blog pour les partager avec vous. 
Sympa, non ?

Attendez ! Pendant que je m’envoyais des fleurs, voici qu’un ennemi pernicieux en profite pour vous encercler, vous enlacer et vous séduire…

L’admiration aveugle du grantécrivain vous menace : 

"Que ce texte est beau ! Comment l’auteur parvient-il à ce résultat ? Qu’est-ce qu’un beau style ? Faire de l’esthétique, du littéraire, comment s’y prendre ?"

Stooop !



Les écrivains se disent-ils : là je vais placer une métaphore, ici un alexandrin ça fera joli ?

Non, vous vous en doutez.

Mais alors ?

Je vous propose un début de réponse à toutes ces questions.



Comme souvent, l’aspirant auteur (que je suis) confond la fin avec les moyens. Or le style est un outil au service du propos, pas l’inverse.

L’idée n’est pas d’enrober son propos avec des effets de style afin de l’enjoliver.

Ce qui rend le propos bien tourné, c’est tout ce qui favorise sa clarté, sa précision et sa force. Vos mots doivent toucher au but, pas en deçà, pas au-delà, pas à côté.

Le travail du texte doit permettre de gagner en intensité et en singularité
Rien d’autre.



Tout effet de style qui éloigne le propos de sa fonction dans le récit est un effet raté. Et mieux vaut un style banal et transparent qu’un effet raté.

La fonction du propos peut être de plusieurs ordres : tension dramatique, caractérisation d’un personnage, ambiance. C’est pourquoi le terme « joli » est inapproprié. On peut s’éloigner de l’écrit agréable (avec des consonnes qui râpent et des hiatus par exemple) pour décrire un homme déplaisant. Ce n’est pas « beau », mais c’est efficace.


Allez, je tente une comparaison girly : le style c’est comme le fond de teint. Vous aimez qu’on vous trouve belle ou qu’on vous trouve maquillée ? Votre histoire doit hypnotiser le lecteur sans qu’il remarque les coups de pinceau.

Les efforts, la technique doivent rester invisibles.


Alors si vous dénichez de nouvelles méthodes pour rendre vos textes percutants, que vous les assimilez à force d’exercices d’écriture, votre cerveau finira par les utiliser naturellement. Et c’est gagné !

En résumé : Simplicité, clarté, petit crayon grosse gomme, ne pas s’embarrasser d’un fatras à effet littéraire. Toujours privilégier le naturel.

Au boulot !



Pour aller plus loin :
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Pour revenir sur les bases :
Vous vous interrogez sur l’abus d’adverbes ou d’adjectifs, la chasse aux répétitions, aux verbes faibles, aux clichés… ?

Le meilleur livre à ce sujet, c'est "Libérer son écriture et enrichir son style" de Pascal Perrat. Ultra-complet et plein d’astuces utiles, une vraie bible à lire et à relire souvent.




Et pour la pratique, le logiciel Antidote, qu’on ne présente plus.

mardi 3 janvier 2017

6 livres qui valent le détour

J'ai réalisé pour une copine le difficile exercice de vanter les mérites de bouquins dont j'avais dernièrement apprécié la lecture. Ça m'a pris un temps considérable. Du coup, je me suis dit que la liste pourrait (peut-être) intéresser d'autres personnes. 

Voici les 6 titres qui sortent de ma sélection.


Catégorie humour noir 

Mêlée ouverte au Zoulouland (Tom Sharpe), en hommage au roi de l'humour noir anglais, décédé le mois dernier. C'est une satyre violente et burlesque sur l'apartheid. Un bijou d'humour féroce et politiquement incorrect. 
Extrait : "La loi dit qu’il est criminel de tuer des Caffres hors de chez soi. Mais la loi dit aussi qu’il est tout à fait admis et correct de les tuer à l’intérieur" . Or, impossible de convaincre cette vieille Miss Hazelstone, aristocrate anglaise aussi autoritaire qu’excentrique, de déplacer le corps de son cuisinier qui gît, en mille morceaux, sur sa pelouse…

Voir aussi la série des Wilt, ses romans les plus connus, dont le tome 1 s'intitule Comment se sortir d'une poupée gonflable et de beaucoup d'autres ennuis encore.

Les comédiens (Graham Greene) ou l'humour anglais au service du surréalisme haïtien. A la fois peinture ubuesque d'Haïti sous Duvalier, farce anglaise cynique et roman d'amour et d'espionnage. Roman éblouissant qui parvient à tout dire sans verser dans le pathos ou la débauche de sang. Une quête magnifique du sens au milieu du chaos, même quand on ne connait pas Haïti. C'est le meilleur livre que j'ai lu en 2012.


Extrait : « Je me demandais en regardant Martha pourquoi notre vie semi-commune avait eu tant d’importance. Elle me semblait appartenir exclusivement à Port-au-Prince, aux ténèbres et à la terreur du couvre-feu, aux téléphones qui ne fonctionnaient pas, aux Tontons Macoute derrière leurs lunettes noires, à la violence, l’injustice et la torture.
Semblable à certains vins, notre amour ne pouvait ni mûrir ni voyager. »


Catégorie humour fantastique

Luka ou le feu de la vie (Salman Rushdie), conte fantastique oriental, un peu comme un Tahar Ben Jeloun qui mélangerait Alice au pays des merveilles, Mario Bros, le seigneur des anneaux et Retour vers le futur.

Extrait : "Il était une fois, dans la ville de Kahani au pays d'Alifbay un garçon prénommé Luka qui avait deux compagnons, un ours appelé Chien et un chien appelé Ours. Chien, l'ours brun, pouvait parfois se montrer bourru et mal léché mais il dansait à la perfection ; il savait se dresser sur ses pattes arrière et danser avec grâce et subtilité la valse, la polka, la rhumba, le wah-watusi et le twist mais aussi des danses plus régionales comme le bhangra cadencé, le pirouettant ghoomar (qu'il exécutait en revêtant une jupe sertie d'éclats de verre) et les danses guerrières comme le spaw, le thang-ta ou la danse du paon originaire du sud."

Mortimer (Terry Pratchett) : Le maître de l'humour fantasy, je lis chaque année un roman de lui, tellement c'est bon. Si vous ne trouvez pas celui-là, n'importe lequel de la série Les Annales du Disque-monde fera l'affaire, avec une préférence tout de même pour Trois soeurcières ou Les petits Dieux ou Au Guet! Le tome Mortimer met en scène le personnage le plus important de la série : la Mort, qu'on peut voir à l’œuvre, mais aussi cuisiner ou danser à la queu-leu-leu quand il a bu un coup de trop (car oui, la mort est un personnage masculin).

Extrait : "UN QUOI ? s'étonna la Mort, assis derrière son bureau ouvragé ; ses mains tournaient et retournaient son coupe-papier en forme de faux.
- Un après-midi de congé", répéta l'apprenti.
La pièce parut soudain vaste à en étouffer, et lui complètement à découvert au milieu d'un tapis d'à peu près les dimensions d'un champ.
"MAIS POURQUOI ? demanda la Mort. CA N'EST PAS POUR ALLER A L'ENTERREMENT DE TA GRAND-MERE, ajouta-t-il. JE LE SAURAIS.
- J'veux seulement, vous comprenez, sortir et voir des gens, dit le jeune homme qui essayait de faire céder ce regard bleu impassible.
- MAIS TU EN VOIS TOUS LES JOURS, DES GENS, objecta la Mort.
- Oui, je sais, seulement... ben, jamais pour très longtemps. J'veux dire, j'aimerais bien en rencontrer avec une espérance de vie qui dépasse les quelques minutes, monsieur", ajouta-t-il. "

Fini de rire : catégorie français contemporain

Limonov (Emmanuel Carrère) : L'auteur nous raconte et analyse la folle vie d'Edouard Limonov, poète délinquant à Kharkov, clochard homo à New York, valet de chambre d’un milliardaire à Manhattan, écrivain miséreux à Paris, putschiste à Moscou, soldat pro-serbe en Bosnie, fondateur du Parti national-bolchevique, puis militant démocrate anti-Poutine et dissident russe sulfureux TRES controversé (il est fasciste, Soljenitsyne le voit comme « un petit insecte qui écrit de la pornographie »). J'ai trouvé ce livre profondément humain, dans le sens où il refuse toute idée de sociétés ou d'individus "simples". Les gens, les sociétés, les situations ne sont jamais simples, elles sont complexes voire carrément paradoxales et puis surtout mouvantes et évolutives. Le deuxième intérêt c'est que l'histoire de Limonov est complètement liée aux rebondissements politiques de la deuxième moitié du XXème Siècle (le bloc de l'Est et les Balkans) et que c'est passionnant, surtout pour les évènements dont nous sommes contemporains, de voir que nos souvenirs (issus de nos médias de l'époque) ne sont qu'une mini facette et l'avis purement occidental de la question. J'ai commencé le bouquin en me disant "c'est quoi ce récit bizarre?" et je l'ai terminé les larmes aux yeux en me disant "c'est génial!"

Extrait : "Plus je le lisais, plus je me sentais taillé dans une étoffe terne et médiocre, voué à tenir dans le monde un rôle de figurant, et de figurant amer, envieux, de figurant qui rêve des premiers rôles en sachant bien qu'il ne les aura jamais parce qu'il manque de charisme, de générosité, de courage, de tout sauf de l'affreuse lucidité des ratés."


Microfictions (Régis Jauffret) : 500 histoires très brèves, loufoques, impitoyables, cruelles, choquante. 500 joyaux taillés au scalpel et sertis dans un index alphabétique. Pour moi c'est une prouesse littéraire incroyable ! Vous pouvez ouvrir ce pavé n'importe où, n'importe quelle page est aussi fulgurante qu'une gifle. Un véritable coup de force. Et chaque microfiction tient sur une page et demie seulement. 

Extrait :  « Je connais la misère, et la respecte. Le spectacle de la pauvreté est sans charme. Il peut atteindre le moral des plus fragiles d’entre nous. Mais nous devons l’endurer avec dignité. C’est notre devoir de riches. »

Si vous avez un peu de temps en attendant le printemps...


lundi 2 janvier 2017

Pourquoi ce blog ?

Lorsque début 2011, j’ai décidé d’écrire le projet qui me tenait à cœur, j’ai tout de suite eu envie d’en partager l’expérience sur Internet, avec tous ceux que le sujet ― l’écriture ― passionne. 

Au cours de mes navigations, il m’est pourtant apparu un écueil de taille. De nombreux aspirants-auteurs se lancent dans un blog, journal de bord de leur projet d’écriture, et y mettent tant de cœur que leur blog finit par devenir leur projet principal. Le temps n’est pas extensible et l’engouement des visiteurs donne envie aux auteurs de persévérer sur leur blog, plus que dans le roman qu’ils essayent d’écrire. Je n’étais pas certaine d’éviter cet écueil. C’est pourquoi j’ai préféré attendre d’avoir avancé suffisamment dans mon projet avant de partager mes déboires. 

J’aimerai exposer ici les méthodes que j’ai tentées, mes questionnements, mes sources d’infos, mes difficultés, et mes découvertes pas à pasCe que j’attends de cet espace, c’est de pouvoir échanger des idées et des expériences avec les nombreux passionnés d’écriture qui peuplent le réseau.